vendredi, octobre 27, 2006

Référendum 95, les mauvais perdants


S'il y a quelque chose qui me met le feu « vous savez où », c'est d'entendre quelqu'un parler du référendum de 1995 en disant :"Le référendum a été volé!" ou "L'argent du fédéral ... bla bla bla".

D'entrée de jeu, qu'on s'entende immédiatement. Lors d'un scrutin, ce n'est pas l'argent qui vote, ce sont les gens. Il est faux de prétendre qu'une campagne où l'on dépense plus apporte plus de votes. Le meilleur exemple reste la dernière campagne électorale de la ville de Québec, où avec un budget d'à peine 5000$ et aucune pancarte électorale, la mairesse Andrée Boucher a gagné haut la main. En revanche, Vision-Québec a touché le fond du baril malgré une campagne onéreuse. Je n'ai malheureusement pas les chiffres avec moi, mais force est de constater que la campagne de Bellemare a coûté cher, et d'ailleurs les dettes ne sont pas encore remboursées, selon mes sources. D'un autre côté, l'argent est le nerf de la guerre. Ça ne nuit pas, mais il est inexact de croire que l'argent fait la différence à tous les coups.

Maintenant, si on regarde la provenance des fonds du camp du Oui, on s'aperçoit par exemple que le Premier ministre Parizeau a créé un ministère de la Souveraineté, dès son entrée au pouvoir en 1994. Par la suite, c'est plus de 25 millions de dollars qui ont été dépensés en "pré-campagne" pour faire la promotion de la souveraineté. Assez discutable, il me semble. Qu'en pensent les leaders souverainistes? Lors du dernier débat des chefs francophones de la campagne électorale fédérale, Gilles Duceppe disait "Oui, mais le 25 millions était LÉGAL! Le 2 millions d'Option Canada était illégal!". En d'autres mots, 2 millions de dollars "illégal", c'est pire que 25 millions fortement discutables. Drôle de constat, mais c'est une opinion. En ce qui me concerne, que celui qui n'a jamais péché lance la première pierre. Si quelqu'un condamne les derniers du camp du Non, soit. Mais par la même occasion, condamnez aussi le camp du OUI, ces gens ont fait exactement la même chose.

Là, par exemple, où j'ai le plus de misère, c'est au niveau des manoeuvres électorales du camp du Oui. En effet, environ 1 mois après le référendum, le DGE a fait une sortie publique au sujet des scrutateurs du camp du OUI ont délibérément annulé des votes (pour le non) sans motif raisonnables dans le "West-Island". D'ailleurs, j'invite tout le monde à observer le nombre élevé de bulletins rejetés dans les circonscriptions de l'ouest de Montréal. Après enquête, le DGE a simplement exprimé un tout petit blâme à certains scrutateurs. Mais allons plus loin. Lors du 25e anniversaire du référendum de 1980, on a eu une sortie médiatique de l'ancien ministre péquiste, Richard Le Hir, dénonçant les pratiques douteuses du camp du Oui lors du référendum de 1995.
http://www.vigile.net/05-5/histoire-2.html#2
http://www2.canoe.com/cgi-bin/imprimer.cgi?id=188655

En effet, celui-ci (qui en 1995, a été impliqué dans le comité électoral du OUI) a dénoncé l'alliance entre les syndicats et le PQ pour aider à "trafiquer" les résultats référendaires. En effet, on sait tous que l'ouest de l'île de Montréal est une terre tout à fait infertile au mouvement souverainiste. La stratégie était donc de nommer des scrutateurs, provenant du mouvement syndical (avec la complicité de deux ministres issus du syndicalisme québécois, Guy Chevrette et de Monique Simard... la même qui a voté illégalement lors d'une élection municipale http://www.radio-canada.ca/nouvelles/01/1892.htm) et ainsi bloquer des votes pour le NON. Chers amis péquistes et souverainistes, est-ce qu'une telle manoeuvre peut être perçue comme démocratique? La réponse est NON! Et est-ce que le camp du Non a usé d'un tel procédé? Encore une fois, la réponse est NON! À ce que je sache, jamais un fédéraliste n'a empêché un souverainiste d'aller voter pour son option. Alors pourquoi blâmer le camp du Non d'avoir usé de procédés douteux quand le camp du Oui n'a vraiment pas à faire de leçons? C'est une question que je me poserai toujours.

La réaction des souverainistes à la sortie de M. Le Hir ne suscita aucune surprise: "C'est pas vrai! C'est pas vrai! C'est pas vrai!" (comme si ces gens allaient avouer qu'ils avaient triché...). Pour ma part, sachant comment les syndicats organisent des votes d'assemblées, je ne peux que donner foi aux propos de M. Le Hir et condamner le Parti Québécois. À les écouter parler, les gauchistes, les péquistes et/ou les souverainistes ont le monopole de la probité, de l'honnêteté et de la franchise. À cet effet, le slogan du Bloc Québécois aux élections fédérales de 2004 est assez révélateur: "Un parti propre au Québec". Pour résumé, si le camp du Oui avait été parfaitement honnête dans le décompte des voix, le résultat serait, sans aucun doute, beaucoup moins serré de ce qu'on nous a annoncé le soir du 30 octobre 1995.

Pour en finir avec les résultats du dit-référendum, j'aimerais attirer votre attention sur un aspect que personne ne semble considérer, mais qui est pourtant d'une importance capitale: le droit international. En effet, ce qu'a tenté de faire le gouvernement du Parti québécois en 1995 n'était ni plus ni moins qu'une forme de sécession unilatérale. Je m'explique. En 1980, la question référendaire portait sur le fait d'accorder ou non un mandat au gouvernement du Québec pour négocier avec le Canada une association entre états. Par la suite, un deuxième référendum suivrait pour véritablement définir le statut du Québec. En ces termes, le référendum est légal. Toutefois, en 1995, le référendum se lisait:"Acceptez-vous que le Québec devienne souverain après avoir offert formellement au Canada un nouveau partenariat économique et politique dans le cadre du projet de loi sur l'avenir du Québec et de l'entente signée le 12 juin 1995?". En d'autres mots, on demande directement aux Québécois d'opter ou non pour la souveraineté. Bref, on demande aux Québécois de se séparer, et le Canada n'a pas un mot à dire.

À ce sujet, les souverainistes me répondront :"Pis après?". Après? Le droit international est formel. La sécession unilatérale n'est possible (j'ai bien dit "possible" et non "automatiquement accordé") que dans deux cas: pour une colonie ou pour un peuple opprimé (ce fut le cas du Bangladesh en 1945, suite à une intervention militaire de l'Inde http://209.85.129.104/search?q=cache:upZ4u-BpzzEJ:www.justice.gc.ca/fr/news/nr/1997/fact.html+s%C3%A9cession+unilat%C3%A9rale&hl=fr&gl=ca&ct=clnk&cd=2 ). Le Québec ne répond à aucune de ces deux possibilités. Si une telle alternative est impossible, quelle possibilité y a-t-il pour le Québec? Probablement de discuter des règles "référendaires" avec le Canada. À titre d'exemple, pensons au récent référendum du Monténégro où l'Union européenne a exigé une majorité de 55% http://fr.wikipedia.org/wiki/Monténégro. Que ce soit bien clair. Je ne viens pas dire que le Canada a le droit d'exiger un résultat référendaire plus élevé que 50% + 1. Je dis simplement que le Québec et le Canada devraient s'entendre sur les règles à suivre lors d'un éventuel prochain référendum, un peu comme le proposait Guy Bertrand à la fin des années 1990, et la majorité devrait être un point à négocier à l'ordre du jour.

Si les règles sont claires pour tout le monde, ça ne peut être qu'à l'avantage du Québec qui pourrait éventuellement recevoir l'appui du Canada lors de l'ultime vote aux Nations unies. Effectivement, le dernier mot appartient à l'ONU. Dans le cas du Monténégro, ça s'est fait sans mal http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=12571&Cr=Mont%C3%A9n%C3%A9gro&Cr1=. Ne croyez pas que c'est une simple formalité. Pensons au cas du Biafra qui a reçu la reconnaissance de seulement quelques pays. Bref, en trois ans, le Biafra a été réintégré au Nigeria. Pensons également aux bantoustans de l'Afrique du Sud ou de Namibie qui n'ont pas reçu aucune reconnaissance, ni par l'ONU, ni par d'autres états http://fr.wikipedia.org/wiki/Bantoustan . Bref, pour avoir une reconnaissance, c'est à l'avantage de l'état sécessionniste d'avoir passé par une procédure démocratique saine et surtout un appui massif de la population. Le reste va aux juristes du droit international.

En résumé, à tous les souverainistes souhaitant un troisième référendum, acceptez donc le fait que votre option a été battue deux fois et qu'il est temps de passer à autre chose, comme de régler les problèmes qu'engendreront dans un proche avenir le choc démographique, de trouver des solutions au système de santé ou à l'éducation, de préserver l'environnement et le développement durable, etc. Qu'on soit fédéraliste ou souverainiste, on ne peut pas rester de glace devant cet état de faits, et contrairement à ce que plusieurs pensent, la souveraineté n'est pas la solution miracle. Le fleuve sera encore pollué, les jeunes décrocheront encore, les diplômés seront encore endettés, la population sera encore vieillissante et les corridors des hôpitaux seront encore bondés au lendemain d'une hypothétique indépendance.

Bienvenue chez "Un autre point de vue"


Bonjour à tous,


Je me présente, M. Roger, étudiant, intellectuel à mes heures. Je suis un gars ouvert et j'aime échanger et converser. Comme on le dit, c'est de la discussion que jaillit la lumière. J'espère donc être un générateur d'idées pour vous tous, mais également que monsieur et madame Tout-le-monde participe, et n'ait pas peur de m'appuyer ou même de me confronter.


C'est pour moi un plaisir de partager également mes idées, mais aussi de donner un point de vue, plus souvent qu'autrement différent, à contre courant. Mon but n'est pas de provoquer, mais plutôt d'apporter d'autres paramètres dans la balance, afin de bien juger une situation. Il est parfois trop facile de porter un jugement, sans bien penser à toutes les conséquences... et même aux avantages qu'apportait la situation initiale. En résumé, les meilleures décisions sont celles où l'on soupèse d'une manière exhaustive tous les éléments qui entrent en ligne de compte.


J'espère que ces échanges seront enrichissants pour tous.


Au plaisir,
Monsieur Roger